L’hôpital est par essence un haut lieu de guérison, un milieu aménagé pour recevoir les soins lorsqu’on est malade. Toutefois, la réalité est autre, car en plus de recevoir les soins médicaux, il est possible de contracter d’autres maladies bien plus graves durant votre hospitalisation. C’est le cas en occurrence des infections nosocomiales.

Il s’agit en fait d’un type de pathologies associées aux soins durant le séjour d’un patient à l’hôpital. Quel est le mode de transmission de cette maladie et comment la prévenir ? Voici la réponse à toutes vos interrogations.

Qu’est-ce qu’une infection nosocomiale ?

On parle d’infection nosocomiale lorsqu’un patient admis dans un établissement de soins médicaux contracte une maladie durant son hospitalisation. Cette maladie n’est cependant pas diagnostiquée lors de l’admission du patient dans un centre de soins ou de santé. Il convient donc de dire que la maladie est très souvent déclarée dans les 48 h (ou plus) qui suivent son admission ou les trois jours suivant sa sortie de l’hôpital. L’infection hospitalière de site opératoire est déclarée suivant les premiers mois de l’opération chirurgicale, voire un an après même si l’hospitalisation du patient en question a pris fin bien longtemps.

Toutefois, le mode de transmission de ces infections hospitalières est tantôt endogène, tantôt exogène. Endogène dans le cas où le patient est infecté par un germe de souche interne à son organisme lors d’un acte ou opération à caractère invasif. Exogène dans le cas où le patient est contaminé par des germes externes à son organisme, c’est-à-dire par un autre patient, par l’environnement ou par un personnel soignant. Dans la majorité des cas, les personnes les plus exposées à ces infections sont : des personnes âgées, les plus jeunes (enfants, nouveau-né), les patients ayant subi des interventions invasives et plus encore.

Par ailleurs, la prévalence des infections nosocomiales tient compte d’un ensemble de paramètres. Il s’agit notamment :

  • L’établissement hospitalier

Certains établissements hospitaliers sont plus réputés que d’autres. Les établissements de lutte contre le cancer sont davantage concernés que d’autres. 

  • Le motif du séjour

Les patients admis en réanimation par exemple représentent environ les 24 % des cas des infections hospitalières que ceux admis par exemple en obstétrique (0.9 %) ou en opération (14 %).

  • Le temps de l’hospitalisation

Si un patient met moins d’une semaine, il est fort probable que ce dernier ne soit pas contaminé. Par ailleurs, si le patient met plus de temps, le risque de contamination est très élevé.

  • Les actes hospitaliers

Les actes hospitaliers sont à considérer, car ils représentent un facteur de risque non négligeable. Les actes invasifs (perfusions, sonde urinaire, chirurgie, endoscopie etc.) sont les plus en vue,

  • Le type de patient

Le profil d’un patient est à considérer à ce niveau. Les patients âgés, les plus jeunes, les immunodéprimés, les opérés…ainsi que ceux avant subis des interventions invasives sont très exposés aux infections nosocomiales. 

Symptômes de la maladie

Les germes des infections nosocomiales sont nombreux et par conséquent, les symptômes liés à cette maladie ne peuvent cependant être les mêmes. Toutefois, la manifestation de cette pathologie dépendra du germe en cause ou contracté par le patient. De ce fait, les symptômes seront quelques fois semblables à ceux de la pathologie causée par ces germes.

Vous pouvez donc avoir comme symptôme de l’infection hospitalière :

  • Les symptômes de la septicémie à l’instar de : fièvre, fatigue générale, accélération du rythme cardiaque. (https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=septicemie_pm)
  • Les symptômes d’une infection urinaire (brûlure lors de la miction, écoulement purulent du méat urinaire, fièvre, douleur au bas du dos etc.)
  • Les symptômes d’une infection du cathéter (inflammation du point de ponction, écoulement purulent etc.)
  • Les symptômes d’une pneumonie ou bronchite (fièvre, toux, frissons, essoufflement, maux de tête, douleurs articulaires etc.)
  • Les symptômes d’une infection ostéo-articulaires qui concernent tous types d’infection causée par un outil ostéosynthèse ou simplement les cas post-traumatiques, des inflammations et bien plus encore.

Tout compte fait, les symptômes sont très souvent liés à une maladie précise parce que provoquée par un agent pathogène précis. Il peut s’agir des inflammations, de la fièvre, des irritations et douleurs au niveau du point de suture…ou simplement des douleurs mictionnelles. Ce n’est qu’après diagnostic que le médecin pourra prescrire un traitement adapté.   

Traitement et prévention des infections nosocomiales

La bonne nouvelle dans cette affaire est que les infections associées aux soins de santé ne sont pas incurables. Il existe bel et bien des traitements appropriés à tous types d’infection hospitalière. De ce fait, les traitements sont quasi identiques à ceux du reste des infections à la seule différence que les germes responsables ont dans la plupart des cas, acquis une résistance à certaines molécules. Ainsi, les médecins vous prescriront des antibiotiques dont les souches sont sensibles.

En outre, il n’est pas exclu que le médecin change les antibiotiques tout au long de votre traitement pour une guérison totale. En plus des antibiotiques, la phagothérapie constitue également l’un des traitements pour éliminer efficacement les germes résistants de ce type d’infection. Il s’agit en fait d’un traitement à base de virus bactériophage conçu pour combattre le germe résistant et responsable de l’infection. En France, la phagothérapie est autorisée par l’ANSM lorsque le médecin en fait la demande pour un usage temporaire.

Concernant les infections nosocomiales survenues à la suite d’une opération, le patient subit à nouveau une opération chirurgicale afin de soit changer la prothèse, drainer le liquide purulent…et plus encore. Toutefois, il existe des moyens bien plus pratiques d’éviter de tomber dans le piège de ces infections hospitalières. De ce fait, l’OMS prescrit un ensemble de gestes qui sauvent notamment l’hygiène des mains (laver les mains à l’eau et au savon) et l’usage d’une solution hydro-alcoolique ou SHA pour le personnel soignant avant et après chaque soin administré. Aussi, l’accès des visiteurs atteints d’une infection respiratoire ou autres maladies transmissibles dans un compartiment de soins n’est pas recommandé.

Indemnisation en cas d’infection hospitalière

Le législateur a prévu des indemnisations en cas de maladie nosocomiale, encore faut-il qu’il y ait un lien entre la maladie et la prise en charge par l’établissement. Toutefois, c’est la loi Kouchner qui encadre le régime des indemnisations liées à une infection associée aux soins. Cette loi a prévu des organismes en charge d’étudier les recours d’indemnisation des victimes, il s’agit notamment de la CRCI et de l’ONIAM.

La Commission Régionale de Conciliation et d’Indemnisation (CRCI) qui permet non seulement d’indemniser mais de trouver des solutions de conciliation. L’Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux (ONIAM) est en charge d’indemniser les victimes des maladies nosocomiales à la rigueur des dispositions prévues par la loi. Une simple requête introduite auprès de ces organes vous donne droit à une indemnisation si et seulement si l’infection est associée aux soins et selon les cas. L’association d’aide aux victimes d’accidents corporels et d’erreurs médicales (AAVAC) peut également vous accompagner dans votre démarche d’indemnisation.

Les infections nosocomiales les plus fréquentes

La lutte contre les fléaux de l’hôpital est désormais une réalité grâce aux mesures prises par les Etats. Toutefois, l’observation de la prévalence des infections associées aux soins hospitaliers laisse entrevoir une fréquence de certains types d’infection plutôt que d’autres. Les infections nosocomiales les plus fréquentes sont :

  • Les infections urinaires
  • Les infections des voies respiratoires
  • Les infections post-opératoires
  • Les infections du système sanguin

Par ailleurs, les germes les plus en vue dans les cas des maladies nosocomiales sont : les entérobactéries à l’instar d’Escherichia Coli ; Staphylococcus aureus ; Pseudomonas aeruginosa ; ainsi que les virus, levures, parasites et autres qui complètent la liste.

Informations pratiques

La limitation des risques nosocomiaux est l’un des points cruciaux de la lutte contre les infections associées aux soins hospitaliers. De ce fait, il est donc impératif de prendre des mesures qu’il faut pour se prémunir de ces maladies nosocomiales qui présentent d’ailleurs un réel danger pour la santé des patients.

Pour le personnel soignant :

  • Nettoyer et à désinfecter le matériel, les mains et les surfaces à l’aide d’une solution hydro-alcoolique ou SHA avant et après les soins
  • Enfiler les gants et vêtements de protection pour chaque soin
  • Enfiler la tenue de protection pour des soins appropriés

Pour les patients :

  • Avoir une hygiène corporelle irréprochable
  • Se laver les mains après la selle,
  • Enfiler les gants en cas de manipulation du matériel invasif et
  • Mettre en pratique les consignes (dépilation, douche antiseptique etc.) édictées par le chirurgien avant l’acte chirurgical

Pour l’établissement de santé :

  • Respecter les conditions et mesures de bonne pratique d’hygiène
  • Recouvrir de cuivre les équipements et zone de contact permanent (robinet, poignet…et les rampes)
  • Mener des actions d’information et de formation du personnel soignant
  • Surveiller les maladies nosocomiales contractées au sein de l’établissement grâce aux indicateurs et normes d’hygiène en vigueur (ICALIN, ICALISO, ICSHA, ICATB, ICABMR)

Pour les visiteurs :

  • Enfiler les vêtements de protection, de
  • Se laver les mains à l’entrée et à la sortie de l’hôpital ou avant et après les visites
  • Respecter le principe d’isolement

Les infections nosocomiales présentent une forme de maladie que le patient contracte lors de son séjour à l’hôpital. Elles sont généralement causées par des germes qui peuvent être endogène ou exogène au patient avec une prévalence chez les personnes âgées, les plus jeunes et les patients avec un système immunitaire délicat. Les informations pratiques vous permettront de vous prémunir de ces infections hospitalières. Toutefois, la loi Kouchner prévoit des indemnisations en cas de maladie nosocomiale.